Veuve, veuf : aimer à nouveau après un deuil

-Le mot de Valérie Bruat-
Il y a mille et une façons différentes de vivre la perte de l’être que l’on aime. En France, on compte 5 millions de veufs et de veuves. 500 000 personnes vivent ce qu’on appelle un veuvage précoce, c’est-à-dire, avant 55 ans. Après 70 ans, 1 femme sur 2 est veuve. La mort de notre Amour est un drame qui marquera à jamais notre vie. Certains veufs sombrent en dépression, d’autres se cramponnent à leur travail comme à une bouée de sauvetage, d’autres encore font le choix d’être accompagnés par une thérapie pour comprendre et extérioriser leurs émotions. Il y a autant de manière de faire son deuil que de personnes endeuillées. Après les premiers mois, voire les premières années qui suivent la perte de l’être cher, vient alors la question de l’après. Et maintenant… qu’est-ce que je fais ? Mon Amour est parti, mais moi, je suis bien vivant(e). Que vais-je faire de cette vie qui palpite en moi ? Certains prennent la voie d’un célibat durable, se rendant disponibles à leurs enfants, s’engageant dans une association, etc. Pour les autres, le désir de rouvrir leur cœur est présent. En moyenne, on observe que c’est après un délai d’un à trois ans que certains veufs expriment le désir de rencontrer un nouvel Amour. Aujourd’hui, je vous donne les clefs pour vous préparer à rouvrir votre cœur après une période de veuvage, et réussir une nouvelle relation amoureuse.

Posez-vous les bonnes questions.

Qu’est-ce qui me pousse à aller vers cette nouvelle personne ? Est-ce une fuite de ma solitude ? Quel point commun je pourrais rechercher inconsciemment entre cette personne et celui/celle que j’ai perdu(e) ? Est-ce que je réitère un vieux schéma relationnel dysfonctionnel présent dans mon ancien couple ? Qu’est-ce que je peux être en train de compenser dans cette nouvelle relation ?

Allez au bout de votre deuil.

Ne faites pas l’économie de cette période si difficile à traverser, mais si essentielle. Fuir la douleur en vous jetant dans une autre relation ne résoudra rien à votre peine, et vouera la nouvelle relation à l’échec. Allez jusqu’au bout de votre deuil, en exprimant toutes les émotions qui peuvent vous traverser (par l’écrit, par la parole, à votre famille, amis, psychothérapeutes..). Cela vous permettra de vous sentir réellement disponible et prêt(e) à vivre une nouvelle histoire, ancrée dans votre présent.

Autorisez-vous à aimer.

Être «celui qui reste » s’accompagne souvent de la culpabilité du survivant. Un sentiment qui nous empêche de vivre pleinement après la mort d’un proche. Or, vous êtes bel et bien en vie. De son vivant, votre conjoint voulait votre bien ; et aujourd’hui, s’il pouvait vous murmurer à l’oreille « Vas-y, fonce ! Aime ! Vis ! », il le ferait. La vie reprend son cours, et vous avez le droit d’aimer et d’être aimé(e) à nouveau. C’est le mouvement naturel de la vie.

Accueillez cette histoire dans son caractère unique.

Le passé et le présent doivent être bien différenciés afin que votre relation avec votre conjoint(e) décédé(e) ne se mélange pas avec cette nouvelle histoire. Offrez la possibilité de la page blanche à cette relation qui débute pour lui donner toutes les chances de réussir. Évitez de ressasser trop de souvenirs de votre amour passé à cette nouvelle personne ; allégez votre intérieur des photos, vêtements, affaires de votre conjoint décédé(e), ne comparez pas les deux personnes. Bref, offrez de l’espace à cette nouvelle histoire afin qu’elle puisse s’épanouir sereinement

Parlez-en à vos enfants.

Beaucoup de veufs n’osent pas s’autoriser à vivre une nouvelle relation par peur de la réaction de leurs enfants. Il est important que vous puissiez dialoguer avec chaque enfant individuellement afin qu’il puisse exprimer ses ressentis, ses appréhensions à l’idée de cette nouvelle personne qui pourrait entrer dans la famille. Dans le cas où vos enfants auraient un rejet violent, restez ouvert au dialogue tout en affirmant assez fermement votre décision. Si vos enfants se rendent compte que vous êtes sûr(e) du bien que vous apporte cette nouvelle relation, ils seront davantage rassurés. Et bien sûr, rassurez-les sur le fait que votre nouvel(le) amoureux(se) ne remplacera jamais leur père/mère. Ce n’est pas le but. Favorisez des moments privilégiés lors desquels chacun pourra se découvrir et apprendre à se connaître.
Malgré la souffrance de la perte, vous êtes aujourd’hui là, bien vivant(e). Vous êtes enfin prêt(e) à vivre une nouvelle belle histoire d’amour… Et n’ayez crainte, cette nouvelle relation ne remplacera jamais la précédente. Car en Amour, il y a une règle importante à connaître. Nous n’avons pas une dose quantifiée d’Amour présent en nous : l’Amour ne se divise pas, il se multiplie.